Tuesday, December 28, 2010

Médias et communication.

Travail dans le cadre de mon cours de français en médias et communication! Épreuve finale s'y référant à l'oeuvre : Promets-moi que tu reviendras vivant par Danielle Laurin. Quelques extraits que j'ai trouvé particulièrement intéressants.


« – Vous vous souvenez du photographe sud-africain qui a fait la photo d’une petite fille dans un camp de réfugiés? On la voit, elle est en train de mourir, elle est toute petite, toute maigre, et il y a un vautour qui la guette… «Vautour guettant une petite fille en train de mourir de faim». C’est le titre de la photo. Prise en 1993, au Soudan. Par Kevin Carter – Le type a pris sa photo, et il est parti, il est rentré chez lui. La photo a fait le tour du monde. Elle a valu au photographe un prix Pulitzer, en 1994. – Il s’est fait traiter d’ordure. On a dit : il y a un deuxième vautour, c’est le photographe. On n’a jamais eu de nouvelles de la petite fille. Kevin Carter, lui, a fini par se suicider, le 27 juillet 1994. – Comment réagir face à cette horreur? Qu’est-ce qu’on fait, est-ce qu’il faut faire quelque chose? On est toujours confronté à ça, sur le terrain. » p.29, chapitre 2


J’aurais bien pu choisir un autre extrait qui démontre le questionnement sur le rôle et le devoir du journaliste de guerre étant donné que plusieurs de ces journalistes interviewés sont allés au-delà du témoignage. En effet, ils se sont impliqués sur le terrain. Cet extrait soulève parfaitement cette question. L’image de cette petite fille en train de mourir sous les yeux du vautour affamé et sans pitié est une chose. Kevin Carter, le photographe qui a pris cette photo en 1993 au Soudan en est une autre. La photo nous rappelle a quel point ce pays est défavorisé. Les gens meurent non seulement de la guerre mais aussi de famine. Nous constatons ainsi toute la chance que nous avons d’être ici, en Occident. Elle soulève tous en nous, journaliste ou non, un désir de changer quelque chose dans ce monde. D’un autre côté, on se demande : Qui pourrait bien être aussi monstrueux au point de prendre cette photo et de quitter sans prendre cette petite fille sous son aile? Ou de simplement chasser ce vautour? Est-ce mal de n’obéir qu’aux ordres? On se questionne en bout de ligne sur l’humanité de l’homme.


«Elle a tenté l’expérience une fois, avec l’armée russe, et n’a pas récidivé. – Les nations qui ont des soldats sur place, en Irak ou en Afghanistan, ont davantage de couverture médiatique, mais cela ne veut pas dire que cette couverture médiatique apprend davantage aux opinions publiques de ces pays ce qui se passe en réalité sur le terrain. L’objectivité journalistique? Foutaise. Une convention des écoles de journalisme, selon elle. – On n’est pas objectif parce qu’on donne le point de vue des hauts gradés militaires dans un paragraphe, puis, dans le paragraphe suivant, celui des civils victimes des bombardements. Elle revendique tout autant le droit à la lenteur, à la complexité, que le droit à la subjectivité. – Ce sont mes yeux qui voient. Je n’ai pas la prétention de tout voir, je ne peux pas tout voir, mais ce que j’ai vu, je le décris avec minutie, avec détail, avec nuance, avec assez de nuance, je crois pour que mon lecteur puisse faire sa propre idée.» p.139, chapitre 11

J’ai choisi cet extrait parce qu’il traite de la subjectivité dans le journalisme et par le fait même, l’importance d’être sur les lieux lors d’une guerre. On a souvent tendance à croire que l’objectivité donne de la crédibilité et de la fiabilité dans peu importe l’information donnée. Ici, on refuse de correspondre au moule étanche de ce qu’impose l’école de journalisme. On va au-delà de ce qui est établit en y mettant notre touche. Il faut faire place à la subjectivité et décrire les évènements de notre point de vue. Par la suite, Anne Nivat parle de nuances. Or, pour nuancer, il faut voir de ses propres yeux. Pourquoi commenter les évènements des mois après alors qu’on peut le faire le jour même? On ne parle pas ici de la soif pure d’exclusivité des médias. Les journalistes veulent faire part de ce qu’ils ont vu pour que les lecteurs soient à 100% conscient de ce qu’il se passe, d’où l’importance de la subjectivité dans le journalisme. Cependant, ils ne le sauront jamais autant que le peuple survivant, les soldats et à la limite, les journalistes de guerre, qui ont vécu ces guerres.


Il a aussi fallu que je dresse un portrait de deux reporters de guerre. Les voici.


À 51 ans, Céline Galipeau est la première femme à occuper le poste de chef d’antenne à la télévision canadienne, plus précisément sur les ondes de Radio-Canada. Fille du grand journaliste et diplomate Georges Galipeau, on pouvait dire que Céline Galipeau a le journalisme dans le sang depuis qu’elle était toute petite. Elle a étudié les sciences politiques en Cisjordanie et la littérature anglaise en Jordanie pour terminer ses études en sciences politiques et en sociologie à UQAM et à l’Université de Mcgill.
Céline Galipeau trouve un poste de remplacement à Toronto et postule pour être correspondante à l’étranger. Elle obtint un poste à Londres, Paris, Moscou et Pékin. Cependant, elle quittait rapidement les lieux lorsqu’un évènement était sur le point d’éclaté. Cela ne l’empêche pas de poursuivre et couvrir la guerre du Golfe, les guerres civiles en Algérie, au Kosovo, en Tchétchénie et en Afghanistan. En 2003, elle part en Irak pour rapidement se faire rapatrier à Montréal à contrecœur mais décide par la suite d’y retourner. Les conditions étaient très difficiles. Éprouvant non seulement physiquement mais psychologiquement aussi.
Pour elle, ce n’est pas la guerre en tant que telle qui l’intéresse mais plutôt les répercussions de la guerre sur les gens. Elle conçoit ce métier comme un métier d’homme, car selon elle, nous vivons dans un monde d’hommes. Cela n’a lui a pas pris plusieurs voyages pour réaliser que les femmes n’ont pas leur place dans ces pays étrangers. Cette réalité évoque donc en elle une responsabilité vis-à-vis ces femmes afin qu’elles puissent espérer mieux. Cette inégalité la mène donc à faire plusieurs reportages sur les conditions des femmes. Ces dernières sont non seulement victimes de violence et de soumission mais doivent aussi pleurer la mort de leur mari et leurs enfants.


Anne Nivat est docteur en sciences politiques et spécialiste de la Russie. Elle devient en 1998 correspondante à Moscou, où elle y habitait officiellement, pour des titres de presses tels que Libération, Ouest-France, Le soir, Le point, le radio RMC et pour des journaux anglo-saxons tels que New York Times, USA Today et Washington Post. On a pu l’entendre à la radio de Radio-Canada couvrir la guerre d’Irak, de l’Afghanistan, du Pakistan, de l’Algérie et la guerre de Tchétchénie de 1999 et dont elle est restée neuf mois. Elle débute sa carrière littéraire en publiant Chienne de guerre qui lui vaut le prix d’Albert Londres. Elle publie par la suite Algérienne, Lendemains de guerre en Afghanistan et en Irak pour lequel elle reçoit le prix littéraire de l’armée de terre, Islamistes, comment ils nous voient et Par les monts et les plaines d’Asie Centrale. Enfin, en 2008, elle publie Bagdad, Zone Rouge.
Ce qui différencie Anne Nivat des autres reporters de guerre, c’est qu’elle est auteure avant tout. Elle veut montrer que la guerre existe. Elle veut témoigner de l’histoire des hommes et des femmes de la guerre grâce à sa plume. Graver ainsi dans des livres, les gens ne pourront plus oublier, ne pourront plus nier ce qui se passe réellement.
À travers ses périples, elle a su s’adapter à toutes les conditions possibles. Elle a su prendre le temps de s’intégrer à la population afin de soutirer le plus d’informations possibles. Elle ne jure que par la lenteur et la complexité des choses. Elle soutient que pour raconter des histoires, il faut les vivre. Et pour les vivre, ça prend du temps. Anne Nivat fait preuve de respect en agissant ainsi. Elle ne fait pas que soutirer des réponses. Ces réponses sont les «réponses les plus sincères, plus honnêtes, les plus détaillées, plus nuancées» (p.139, 2e parag. 3e ligne) qu’elles soient.
Enfin, elle veut se battre contre l’indifférence en informant les lecteurs à l’aide des médias et des ses œuvres de ce qui se passe en dehors de leur petite vie afin qu’ils ne s’étonnent plus si un drame similaire à l’attentat du 11 septembre se reproduisait.


D’après l’essai de Danielle Laurin, être un bon reporter de guerre, c’est posséder des qualités dépendantes les unes des autres. C’est tout d’abord d’être passionné pour son travail. Un bon reporter doit profondément croire que son travail sert et servira à quelque chose. Il faut qu’il croit qu’il est important d’informer le public des évènements qui se passent. On ne s’en sort pas. Cependant, ce qui va réellement différencier un reporter de guerre d’un autre sont les qualités suivantes : humanité, sensibilité, respect, courage, détermination et convictions profondes, tout en se connaissant assez pour prendre ses distances au bon moment pour ne pas perdre la carte et se culpabiliser face à certains évènements qui peuvent être très éprouvants. Toutes ces qualités font en sorte que ces reporters de guerre puissent obtenir les informations les plus vraies et les plus profondes qu’ils soient. Le bon reporter de guerre voit non seulement un pays en guerre, mais aussi les répercussions d’une guerre dans la population et comment cette dernière la vit.
Suite à la lecture de cet ouvrage, ma perception d’un reporter de guerre a changé. En fait, je ne me suis jamais demandé ce qu’un reporter de guerre pouvait bien vivre sur le terrain. Évidemment, il n’est plaisant pour personne de voir des horreurs en guerre. Cet essai m’a plutôt permis de savoir et de comprendre ce qu’ils pouvaient ressentir. Ce n’est pas seulement de griffonner des notes sur un calepin, c’est de ressentir le besoin d’aider ces pays en guerre, ce sentiment d’impuissance, le besoin de raisonner et conscientiser les pays occidentaux.
Enfin, je recommanderais grandement ce livre malgré le titre beaucoup trop dramatique. Étrangement, ce qui m’a plu davantage dans cet ouvrage est le côté sombre de l’avenir humain. (D’après un proverbe, «L’Humain se nourrit du malheur d’autrui». C’est un peu vrai.) D’une autre part, c’est la capacité de Danielle Laurin à toucher de fond en comble les nombreux aspects du reportage de guerre à travers des entrevues avec des reporters de guerre. Et principalement, l’association qu’elle se fait d’elle-même avec une «femme soldat».

2 comments:

  1. Ça m’a l’air vraiment intéressant. Décidément, un autre livre à mettre sur ma liste! J’ai hâte de me remettre à la lecture.

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  2. Super! Je t'ai convaincu a mettre 2 livres sur ta liste! Hihihi

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